Marie-Thérèse Balin
Perrette dans sa tête ayant pleins d’idées
Pensant être dans une phase de créativité
Prétendait arriver sans encombre au doctorat.
Fébrile et mal vêtue, elle tapait de ses dix doigts
Ayant mis ce jour-là, comme pour un trépas,
Cotillon simple et souliers plats.
Notre thésarde ainsi troussée
Imaginait déjà dans sa pensée
Être de ses efforts bientôt couronnée
Elle se voyait en soutenance
De lauriers récompensée
Félicitations du jury
Applaudissements en furie
La chose allait à bien par son soin diligent
Il m’est, disait-elle facile
De finir en trois ans
Mon directeur sera bien malhabile
De me laisser croupir trop longtemps
Approuvant au fur et à mesure
Mes chapitres et mes lectures
Ma conclusion sitôt bouclée
Et mes remerciements ânonnés
Me voilà docteure nommée
Perrette là-dessus saute de joie
Chante et danse, par ma foi
Mais ne voilà-t-il pas son chat
Excité par ses entrechats
d’un air agile qui bondit
Et sur le clavier atterrit
D’une patte toute féline
Il efface tout le travail de l’héroïne.
Adieu thèse, titre et lauriers
Notre dame d’un œil marri
Se voit déjà la risée
De toute la faculté.
Pastiche de la fable de Jean de La Fontaine « La laitière et le pot au lait ».
À propos de l’autrice :
J'ai fait un doctorat à l'université de Toronto, au département d'Études françaises. Spécialité Dix-Septième siècle. Ma thèse fut soutenue en 2017, avec pour titre : « Hybridités génériques et discursives dans les Historiettes de Tallemant des Réaux ». Je continue à donner des cours en tant qu’instructrice à l'université.